L'infolettre canadienne sur le journalisme climatique #4: Un sondage, une mine de graphite et quelqu'un qui dit le fond de sa pensée
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L’activité humaine cause les changements climatiques: le consensus scientifique a beau être clair, seulement 68% des Canadiens y croient, nous apprenait ce mois-ci la journaliste spécialisée en environnement de la Canadian Press, Mia Rabson. Elle rapportait les résultats d’un sondage mené en ligne pendant le week-end de l’Action de grâce auprès de 1500 Canadiens. Les répondants de provinces récemment touchées par des événements météo extrêmes, comme l’Atlantique et la Colombie-Britannique, sont plus nombreux à se dire inquiets.
En ce 5 novembre, alors que j’écris ces lignes, il fait 23 degrés à Montréal. Mes enfants ont sorti leurs sandales. Environnement Canada a indiqué qu’octobre a battu des records de chaleur dans plusieurs villes. Notre thermomètre média, lui, ne surchauffe pas. Après le léger sommet d’intérêt observé en septembre avec les journées de mobilisation mondiales, l’intérêt pour le climat était de retour à son niveau de base. Nous avons ajouté des médias à notre veille Twitter, pour un total de 39, et 0.45% de leurs tweets concernaient les changements climatiques. On s’attend à un important sommet en novembre, avec non seulement la COP27 en Égypte, mais aussi la préparation de Montréal, hôte de la COP15 sur la biodiversité en décembre, qui fait déjà jaser pour ses enjeux de sécurité et de circulation.
Justin Trudeau a choisi de ne pas participer à la COP27. C’est Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, qui dirigera la délégation canadienne. Valerie Volcovici, de Reuters, vous présente les sujets de discussion à ne pas manquer.
Pour les journalistes parmi nos lecteurs, le collectif Covering Climate Now a mis en ligne un guide de couverture de la COP27.
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Amélie
Actualités
QUÉBEC | ALBERTA Gouvernements Legault et Smith: qu’en est-il de l’environnement ?
Tandis que le Québec vient de confier un deuxième mandat à la CAQ de François Legault, Danielle Smith, qui tentera de se faire élire dans Brooks-Medicine Hat afin de siéger, est devenue première ministre de l’Alberta en accédant à la chefferie du Parti conservateur uni (PCU). Qu’est-ce que tout cela présage pour l’avenir de l’action climatique dans les deux provinces ? C’est ce que tentent d’éclaircir les journalistes Alexis Riopel et Drew Anderson dans ces articles du Devoir (Québec) et du Narwhal (Alberta).
La soupe sous la loupe
Presque tout le monde a entendu parler des activistes climatiques qui ont lancé de la soupe aux tomates sur le tableau de Vincent Van Gogh à Londres il y a quelques semaines. Mais au-delà du fait divers, peu de médias ont creusé la question. C’est pourquoi on vous propose cet article d’Alexandra Mae Jones, de CTV, dans lequel elle revient aux raisons de cette action.
Action autochtone
Une Première Nation reconstruira une station de recherche sur le climat ravagée par un incendie de fin de saison
À la mi-octobre, une station de recherche dédiée à l’étude du climat a été ravagée par un incendie de forêt inhabituellement tardif dans les Territoires du Nord-Ouest. Face à cette anomalie, on ne peut qu’être saisi par l’ironie de la situation. En plus de représenter une perte importante pour la population locale et pour la communauté scientifique, la décimation de Scotty Creek marque aussi la destruction d’une des premières stations de recherche au monde à être dirigées par des membres d’une communauté autochtone. Jetez un coup d’œil à cet article approfondi publié par CBC News pour savoir pourquoi la Première Nation Łı́ı́dlı̨ı̨ Kų́ę́ tient tant à reconstruire la station et saisir, en images, l’ampleur de la dévastation.
À la recherche
Nous avons eu droit à un aperçu d’un rapport que nous attendons avec impatience “Climate Journalism That Works – Between Knowledge and Impact”, à venir en 2023. La chercheuse Alexandre Borchardt partage ici quelques conclusions préliminaires, telles que : Plus de faits ne suffiront pas.
Grand format
Comment une mine de graphite québécoise divise une communauté sur la question de la révolution des véhicules électriques
Ce mois-ci, c’est le Globe and Mail qui nous offre un article détaillé sur le projet de mine Nouveau Monde Graphite dans Lanaudière au Québec. Le travail d’écriture et de photographie de Neal Rockwell sont digne de mention. Pourquoi s’intéresser à ce projet minier dans le contexte des changements climatiques ? Il s’agit d’un pion important dans la stratégie des gouvernements à Ottawa et Québec visant à faire du Canada une plaque tournante de la fabrication de batteries au lithium rechargeables, nécessaires à la révolution des véhicules électriques. Toutefois, le projet divise la communauté locale. Certains résidents de la région craignent que la mine ne soit pas aussi “propre” qu’elle le prétend. D’autres sont persuadés qu’il serait complètement fou de vouloir se passer des alléchantes retombées économiques (potentielles) de ce projet.
(Non)Solution
Des stationnements incitatifs... peu incitatifs
On recommande généralement des articles qui parlent de solutions innovantes aux enjeux climatiques, mais nous pensons qu'il est tout aussi important de montrer des idées qui échouent. Par exemple, une communauté à Ottawa a vu l'un de ces projets d'action climatique échouer. Un grand stationnement avait été bâti pour inciter la population à utiliser les transports en commun. Or, il demeure pratiquement vide à toute heure du jour depuis sa construction. Pour en savoir plus sur les causes de ces piètres résultats, lisez cet article de la CBC.
Balado
Si vous cherchez un épisode de balado court et facile à écouter, nous vous recommandons celui de What On Earth de la CBC. L’animatrice s'est entretenue avec la première directrice de la nouvelle Division des sciences autochtones d'Environnement et Changement climatique Canada, Myrle Ballard. L'épisode de cinq minutes aborde ce qu'est la science autochtone et comment elle est mise en œuvre au sein du gouvernement canadien.
Personne du mois
David Suzuki tire sa révérence avec irrévérence
“I don’t give a s* what people think about me.”
Image: CBC
Si vous n’avez qu’un reportage à regarder ce mois-ci, c’est cette entrevue de Ian Hanomansing avec David Suzuki. Après 44 ans à la barre de l’émission de CBC The Nature of Things, il annonce sa retraite après la saison prochaine qui début en janvier, et s’exprime sans filtre sur la lutte environnementale.
"Overall I feel like a failure, being part of a movement that has failed," he said. "All I want is to be able to say to my grandchildren, 'I did the best I could.'"
- David Suzuki